Hier soir, j’assistais à une espèce de séance de yoga.
Je ne fais pas vraiment de yoga mais le discours centré sur la respiration et les émotions pique ma curiosité.
L’axiome du yoga = si toutes les émotions passent par le souffle (colère, sérénité ou stupéfaction…), contrôler son souffle c’est contrôler ses émotions. De fait, nous gagnerions à écouter nos émotions pour mieux les comprendre pour in fine mieux les maitriser.
Intéressant.
Intéressant mais dans les sociétés occidentales où l’individu est au centre de l’univers, ce discours revêt une étrange connotation ultra-libérale : écouter ses émotions, prendre du temps pour soi, se féliciter d’être ou maitriser ses humeurs assument plus que jamais l’individu au centre de l’univers, obnubilé par son bien-être, totalement étranger aux principes collectifs de la société.
Tout le monde semble valider les bienfaits du yoga dans notre société alors que son essence la met potentiellement en péril.
Par exemple, parallèlement à cet engouement, l’émotion est super péjorative en matière de journalisme. L’ère de l’émotion est devenue une expression idiomatique pour qualifier les méthodes de cette presse sans vergogne qui flatte les bas instincts de son audience, jouent sur leurs peurs pour faire passer des messages racoleurs – et soi-disant vendeurs.
Les émotions font élire Trump ou Erdogan. Sans parler des despotes anti-état de la Silicon Valley.
Du coup je ne comprends pas : il faut écouter ses émotions ou pas?
Suis pas un expert du Yoga, mais si le Yoga, c’est contrôler ses émotions, alors n’est-ce pas justement un antidote à l’ère de l’émotion? Pour la dualité groupe-individu… j’ai l’impression qu’on assiste de plus en plus à l’émergence d’une individualité fondée sur l’appartenance choisie (vs subie) à un groupe: familles qui se cassent/recomposent, cercle amical et associatif qui prend de plus en plus d’importance au détriment de l’entreprise… Le Yoga, ça me paraît être un de ces cercles?
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oui c’est juste mais en même temps j’ai l’impression que jusqu’à présent on nous apprenait plutôt à cacher nos émotions
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L’individu au centre de l’univers ? Est-ce que ce n’est pas nécessaire d’avoir des individus qui vont bien pour que la société aille bien ?
Ecoutons nos émotions et soyons heureux !
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oui mais le bonheur individuel n’est pas forcément compatible avec le le bonheur collectif…
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Alors pour le coup je pratique le yoga, et ta conception me semble erronée. L’idée n’est pas tout à fait d’écouter, ni de contrôler ses émotions, mais plutôt de les observer et de les laisser passer (comme on le fait avec les pensées dans la méditation). Evidemment, dans une culture occidentale où l’ego a une grande importance, on aura tendance à confondre cette pratique avec le contrôle de ses émotions. Mais le fond est différent : il s’agit plutôt de se libérer de l’ego, qu’on peut voir comme une illusion. Si le sujet t’intéresse, une bonne introduction est le best-seller Le pouvoir de l’instant présent de Eckhart Tolle.
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Je rejoint ce que dit ojpoint. Je dirais même que c’est tout à fait le contraire. Par exemple, la méditation nous oblige à être à 100% présent, à être attentif à ce qui nous entoure comme à ce qui nous agite intérieurement. On ne “contrôle” pas ses émotions quand on médite, on prends note de ce qu’on ressent pour mieux les mettre à distance. Ca permet pendant 10min de justement se dé-centrer de notre ego, notre bulle, nos petites pensées… Curieux que ta première séance ait donné lieu à un contre-sens pareil.
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eh bien justement, quand tu me racontes ça, je comprends un exercice d’auto centrage total
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[…] Une théorie de l’égocentrisme qui ne déplaira pas aux amateurs de yoga. […]
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