Il y a quelques semaines, un nouveau président a été nommé à la SNCF.
Dans le flot d’interviews données par Jean-Pierre Farandou, une citation m’a fait tiquer :
« Quand je suis entré à la SNCF, la même personne faisait la circulation des trains, vendait les billets, allait livrer les wagons et même passait un coup de balai si la gare était sale, a-t-il rappelé aux parlementaires. Et cela ne choquait pas les cheminots. L’organisation du travail interne à l’entreprise les a spécialisés. Il faut les déspécialiser. »
Cette phrase explique bien la crise de fidélité des consommateurs.
Initialement théorisée par les classiques comme une voie inéluctable vers la spécialisation, l’économie capitaliste a incité les salariés à se spécialiser. La croissance étant au rendez-vous, tout le monde s’enrichit. Personne ne râlait.
Et puis depuis une quarantaine d’année, les “trente honteuses” sont le théâtre d’un ralentissement de la croissance associé à un accroissement des inégalités.
Les entreprises ayant investi dans des moyens de production sont moins capables que les salariés de s’adapter (il est plus facile d’embaucher/licencier que de construire une nouvelle usine), le système impose donc aux gens de s’adapter à eux s’ils veulent continuer à bosser.
Tout cela est tolérable quand on est du bon côté de la barrière : blanc, diplômé, riche, mobile, “adaptable”.
Pour tous les autres, c’est moins marrant.
Du coup, je comprends l’infidélité des consommateurs.
Leur quotidien d’adaptabilité permanente ne peut pas être fidèle.