Nous vivons une période exceptionnelle offrant le spectacle de travailleurs qui bravent le risque de façon admirable.
En première ligne comme en seconde ligne, nos concitoyens mouillent le maillot pour contrer la pandémie et nous rendent fiers d’être leur voisins, leurs soeurs, leurs collègues.
Confiné, je me tiens informé quotidiennement devant le journal télévisé, qui accumule les témoignages d’actifs au front.
Ils acceptent leur destin avec un professionnalisme inouï.
De surcroit, pas un seul n’évoque le caractère exceptionnel de la situation autrement que *pour faire front* et *sauver des vies*.
Pas une mention au fait *qu’ils ne sont pas payés pour ça*, que les conditions de travail ne sont *pas comme prévues*, que ce n’est *pas à eux de faire ça*. Chacune de leurs tâches s’assortit désormais d’une dimension mortelle et pourtant, on n’entend pas ou presque de plainte (il y a bien quelques récriminations syndicales mais en réponse aux maladresses du MEDEF donc match nul balle au centre).
Ces héros du quotidien offrent un contraste saisissant à ces innombrables cadres dans le tertiaire qu’on entend trop souvent dire *ce n’est pas à moi de faire ça* ou *je ne suis pas payé pour ça*, *je ne suis pas venu pour ça*.
Heureusement que nos vies ne dépendent pas d’eux.
J’espère qu’ils auront eu le temps de méditer sur la situation et qu’on n’entendra plus jamais un homme blanc diplômé favorisé cadre se plaindre de ses conditions de travail.