Mon ambition de reparler français procède d’une démarche de reconquête de la simplicité. C’est dans ce cadre que j’ai lu il y a quelques semaines Dire, ne pas dire – Du bon usage de la langue française.
Au milieu des centaines de pépites – s’attaquant sans surprise ni détour aux multiples anglicismes – j’ai été soulagé d’apprendre que l’emploi de l’adverbe concrètement dans une conversation était malvenu.
Ce mot ne charrie aucune négativité à proprement parler. Au contraire, il distingue le réel de l’imaginaire, ce qui – notamment par les temps qui courent – s’avère indispensable.
Mais je ne peux pas m’empêcher d’être piqué par les gens qui répondent à une question ou renchérissent à une suggestion en commençant par concrètement. C’est brutal, inélégant, agressif.
Personne 1 : “dans le cadre de ce projet de lancement de la nouvelle exposition, j’aurais trouvé super d’inviter des blogueurs plutôt que la traditionnelle assemblée de journalistes, pour générer des conversations sur les réseaux sociaux”
Personne 2 : “concrètement tu penses à qui ?”
Dans ce genre de conversation, concrètement renvoie au manque de clarté de l’énoncé précédent et sous-entend que la personne 1 ne sait pas s’exprimer.
Pire, il indique que que la personne 2 n’a pas tout à fait compris l’énoncé de la personne 1 puisqu’elle lui demande de le répéter de manière réelle plutôt qu’imaginaire.
Bref, la personne 2 gagnerait à indiquer que :
- Elle est d’accord avec la suggestion et qu’il s’agit désormais d’identifier la liste des invités
- Elle soumet la pertinence de la suggestion au profil des blogueurs.
Bisous bonne journée.